RÉGION MENA : LE COÛT DU TERRORISME

Le tourisme est l’une des industries les plus vulnérables à la violence et l’instabilité politique. Les révolutions du “printemps arabe” et les nombreux attentats terroristes perpétrés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont largement écorné l'image des pays de la région à l’international, induisant une rétraction de leur dynamique touristique. Turquie, Tunisie, Egypte et Maroc, autant de destinations qui ont été touchées par les attentats. Mais à quel prix ? Lisez la suite.

Terrorisme, l’impact économique

 

Une étude réalisée par l’agence de notation Moody’s Investors Service sur l’impact économique du terrorisme montre que les attaques terroristes affaiblissent significativement et durablement l'activité économique.


L'étude a mesuré l'impact du terrorisme sur la croissance économique, la croissance des investissements, les dépenses publiques et le coût d'emprunt.

 

“...Les 10 pays les plus touchés par le terrorisme ont subi, en 2013, un repli immédiat et significatif de la croissance, réduisant leurs PIB de 0,5 à 0,8 point”. Explique Merxe Tudela, vice-président de Moody's.1 Elle a également souligné que les répercussions économiques d’un attentat terroristes peuvent s’étendre sur cinq années avant de s’atténuer.

 

Global Peace Index 2018, analyse menée par le think tank international Institute for Economic and Peace, (l’Institut pour l’Economie et la Paix), estime que les actes de violence perpétrés, en 2017, sur le territoire national ont coûté au Maroc près de 6% se son PIB, 8% pour la Tunisie et 11% pour l’Algérie. Le coût économique de la violence a atteint 12% en Mauritanie, et 26% en Libye, dont la perte est le pourcentage est le plus élevé de la région.

Cependant, le rapport note une légère amélioration du score global de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, “malgré les conflits armés et l'instabilité dans la région, cette dernière est devenue légèrement plus pacifique au cours de la dernière année (2017)”. Cette amélioration concerne en grande partie le domaine de la sûreté et de la sécurité, en particulier en termes d'impact du terrorisme et du nombre de réfugiés fuyant des conflits.

Région MENA, des disparités en “paix”

 

Le Maroc est l'un des pays les plus pacifiques d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. C’est la conclusion de la douzième édition de l'Indice de la paix mondiale Global Peace Index. Selon ce rapport ayant classé 163 états indépendants et territoires du monde en fonction de leur niveau de paix en 2017, le Maroc vient en 4e position de la région MENA derrière le Qatar (56), les Émirats arabes unis (45) et le Koweït (42).

 

Les voisins maghrébins occupent des positions moins avancées : la Tunisie (78), l’Algérie (109), la Mauritanie (127) puis la Libye au 157e rang des pays couverts par le rapport.


Sur le plan international, le Maroc se classe en 71e place avec un score de 1,979,

marquant une progression de 4 places depuis 2017 et de 19 places depuis 2016.
l'Islande reste le pays le plus pacifique du monde, suivie par la Nouvelle-Zélande et l'Autriche.

 

Les pays en bas du classement sont ceux ravagés par la guerre ; la Syrie est considérée comme le pays le moins pacifique du monde (163), précédé par l'Afghanistan (162) et le Soudan du Sud (161).

L’impact du terrorisme sur le tourisme marocain

Au cours des deux dernières décennies, la région MENA a connu une série d’attentats qui ont extrêmement réduit l’attractivité touristique de l’ensemble de ses pays. En 2015, suite aux attaques du musée Bardo en Tunisie, l’activité touristique marocaine a baissé de 10 %, soit un manque à gagner de 500 millions de dirhams, selon les estimations de l’ancien ministre du tourisme M. Haddad. Ce chiffre traduit une baisse de 1% en termes d’arrivées, équivalent de 85.000 touristes de moins par rapport à l’année 2014. L’ancien ministre a affirmé que la baisse des touristes concerne essentiellement les marchés émetteurs français et italien. “L’afflux des touristes français et italiens au Maroc a connu une baisse de 5 % alors que le nombre des touristes belges a baissé de 2 %” a-t-il déclaré ; en expliquant qu’afin d’atténuer l’impact de la menace terroriste et d’équilibrer les fluctuations de la demande touristique, il est crucial de diversifier les cibles en s'ouvrant sur les marchés émergents, et de promouvoir le tourisme interne.

Le tourisme comme vecteur de paix

 

Au Maroc, en Tunisie comme en Turquie, les actes terroristes ont souvent privilégié des cibles touristiques, notamment pour la médiatisation plus étendue dont profitent les attentats faisant tomber des étrangers, ainsi que leur symbolisme sous-jacent.

 

Forme de rencontre culturelle et civilisationnelle, le tourisme peut être perçu par certaines idéologies obscurantistes comme offensif ou destructeur de valeurs. En ce sens, le développement touristique doit s’accompagner d’un effort culturel de promotion de tolérance et de lutte contre xénophobie, radicalisation et racisme.

 

De fait, il est devenu important de penser le tourisme en tant qu’instrument de rapprochement culturel et de compréhension mutuelle à même d’atténuer les conflits idéologique et historiques qui peuvent exister entre les nations.

 

1-Source : https://www.moodys.com/research/Moodys-Terrorism-has-a-significant-and-long-lasting-negative-impact--PR_335903  

2-Source : Telquel